Souldia pense le rap comme on aiguise un couteau. C’est avec une plume d’une dangereuse précision et une verve tout aussi tranchante qu’il impose sa présence charismatique sur la scène québécoise depuis vingt ans.

Né le 24 mai 1985 à Québec d’une mère montagnaise de Pointe-Bleue, Kevin St-Laurent n’a que quinze ans lorsqu’il troque son nom pour un nouveau et lève le ton. Avec un pied dans les centres jeunesse et l’autre dans la rue, le rebaptisé Souldia fait alors ses débuts au sein des collectifs Mafia 03 (aujourd’hui devenu le trio Facekché) et 187 avec qui il lancera les albums «Kracheurdekartouche», «Mauvais poils», «Underground parazites», «Le visage de l’ombre», «Le retour de la bête» et «Les poètes maudits». Entre le début des années 2000 et 2015, ils cartonnent tour à tour.

La machine bien enclenchée, Souldia, investi dans sa carrière de groupe, a toutefois faim pour autre chose. Fier de son identité métissée et complexe, c’est en 2009 que le rappeur s’avance finalement en solo et présente sa première offrande intitulée «Art Kontrol». La sortie génère un effet monstre et l’ouragan Souldia s’abat quasi instantanément sur le Québec. Fort des albums «Double tranchant» (2011) avec le rappeur Saye, «Les origines du mal» (2012) et «Krime Grave» (2014), «Amsterdam», fruit d’une collaboration mémorable avec Rymz (2016), «Sacrifice» (2016), «Ad Vitam Aeternam» (2017), «Survivant» (2018), «Backstage» (2020), «Silence radio» (2020) et «OFF» (2020) en collaboration avec Tizzo, le prolifique rappeur de Limoilou s’illustrecomme un incontournable du rap au Québec.

Habitué du haut des palmarès des ventes de disque de la province, sa présence médiatique se fait de plus enviable. Tandis que les VOIR, Journal de Québecet Journal de Montréal l’encensent, le palmarès de ZONERAP le qualifie d’artiste rap franco de l’année 2018, en plus de hisser son disque «Survivant» au rang d’album de l’année dans ce genre. Il cumule, en parallèle, les concerts à guichet fermé et les nominations («Album de l’année – Rap» et «Album de l’année – Meilleur vendeur» au Gala de l’ADISQ et «Album de l’année – Rap» au GAMIQ). Grâce au vote du public, il remporte de plus la bourse TELUSpour «Ma première nomination» au Gala de l’ADISQ en 2019.

Après avoir lancé l’impressionnant nombre de trois albums en 2020, Souldia atteint aujourd’hui le cap de la première dizaine de longs jeux parus tandis que sa carrière arrive à sa seconde dizaine d’années. En cours de route sinueuse, le prolifique trentenaire n’a cependant jamais forcé les choses; c’est plutôt à son instinct qu’il s’est fié jusqu’ici. Avec «Dixque d’art» (2021), l’irréductible artiste manie avec adresse son habituel crayon coupe-gorge sur seize titres d’un rap impeccable. Pour livrer ce colossal disque qu’il présente sous forme de mea culpa, avoue-t-il, l’artiste s’entoure de collaborateurs de marque tels que Rymz, Shreez, Tizzo, Lost, Trei Ochi, O.Z, LeMind, Helmé, Jam Khalil, Woodman, Grodash et Zagata. Sans fausse modestie, l’effet en est saisissant. Dixque d’art sera consacré album rap de l’année au Gala de l’ADISQ 2022.

2023, c’est l’année du 11e album en carrière de Souldia : « Non conventionnel ». Depuis sa parution le 25 mai 2023, l’album cumule plus de 30 millions de streams toutes plateformes confondues depuis la sortie de son 1er single le 7 avril 2023 et plus de 1498 albums vendus depuis sa parution le 26 mai 2023. Cet album lui valu une nomination dans la catégorie ‘’Album de l’année – Meilleur vendeur’’ au Gala de l’ADISQ 2023 et une nomination aux JUNOS Awards 2024 dans la catégorie ‘’Album francophone de l’année’’.

Avec, à ce jour, plus de 200 000 abonnés sur les réseaux sociaux, 275 millions d’écoutes cumulées en carrière, plus de 196 millions de vues cumulatives sur YouTube, plus de 67 000 albums physiques vendus en carrière, 190 000 albums vendus en équivalence de streams et six singles désormais certifiés Or par MusicCanada, Souldia brasse la cage collective et fédère, vraisemblablement. Mouton noir assumé, il a su se créer une marge à son image où évoluer. Les chiffres grandissants et l’abondance de gens qui le soutiennent lui donnent raison.