Occupée par des projets éducatifs qui sonnaient presque comme une reconversion avant l’heure, elle a eu peu le loisir de converser avec son piano depuis la sortie de The Long Life’s Journey écrit et composé à quatre mains avec The Healthy Boy en 2011. Mais à force de se voir rappeler les applaudissements partagés sur quelques dizaines de scènes avec – entre autres – Moriarty, Alela Diane, Micky Green, Vic Chesnutt, Thee Silver Mount Zion ou Laëtitia Sheriff ; à force d’entendre les échos infinis du mal nommé Silent Valley (2007), et ceux plus tempétueux du mieux nommé Whispers & Shouts (2010), à force de toiser l’ivoire et qu’il le lui rende bien, la demoiselle a laissé parler ses dix doigts et sa plume. Elle a ainsi modelé, au cours des deux dernières années des fragments mélodiques (trop) longtemps laissés en jachère, faute à un temps qui lui échappait. Rendez-vous a donc été pris sous le soleil de juillet, au coeur de la maison familiale nichée dans le sud nantais, pour tenter de ranimer ces morceaux, et le palpitant avec. Comme lors des précédents opus, ce sont les proches de toujours – son frère Jonathan Kingsley Seilman en tête de production – qui l’ont aidé à faire jaillir du clair-obscur ces douces mélopées, d’apparence mélancoliques mais dégageant une indicible joie. Et vice-versa. Entre gymnopédies lunaires, improvisations collectives, cordes entremêlées, face à faces pianistiques rassérénants et choeurs en miroirs, ce sont finalement une dizaine de musiciens qui auront défilé dans le cocon de ce studio éphémère, pour graver des pistes permanentes. En treize morceaux (l’album en retiendra neuf) et huit jours de communion, Faustine Seilman a produit The Nightwatcher, un album qui répond à la plus rare des urgences, celle d’entendre son coeur battre et d’en être rassurée. Cet impératif atteint son paroxysme sur un duo lumineux avec son cadet, qui invoque des contractions mélodiques d’une insondable beauté. Voilà que le coeur bat à nouveau. Et nous n’avons pas fini d’être rassurés.