En dépit du bon sens, Bikini Machine réalise un véritable exploit : faire du vieux avec du neuf ! L'idée, en forme de gag, pourrait paraître saugrenue. Pourtant, elle se révèle très vite comme une véritable machine à tubes, un dosage parfait entre le son vintage et l'efficacité électro.

Car ne vous y trompez pas : Bikini machine n'est pas cette énième manifestation d'une mercantile mode rétro. Il y a chez eux une connaissance pointilleuse des 60's, une joie à l'idée d'allumer un quelconque instrument à lampes et surtout un sens inné de la mélodie. Leur passion dépasse même le cadre musical puisque c'est d'un film de cette même époque, " Doctor Goldfoot and the Bikini machine ", dont ils s'inspireront pour leur nom de scène.
Pat (basse/ batterie/ chant), Fred (batterie/ chant/ clavier), Sam (sampler/ clavier), Franck (guitare/ basse/ chant) et Mik (guitare/batterie/ clavier) se connaissent depuis longtemps et ont déjà joué ensemble dans des formations comme les Skippies ou même les Magic Surfers. Tous originaires de Rennes ils ont vécu dans cette ambiance bretonne où le rock a souvent un aspect festif. Elevés aux Transmusicales, le résultat ne pouvait être qu'explosif.

Leur histoire débute comme un jeu, un énième pari, par un concert en 2001. Voilà le ton est donné, Bikini Machine sera un groupe de scène ou ne sera pas ! Les réactions sont immédiates, programmés dans de nombreuses salles, ils referont l'année suivante les Trans sur la scène de la Cité cette fois. Avec une aisance scénique évidente, ils alternent les instruments, comme s'il fallait rendre les choses plus périlleuses pour qu'elles soient encore plus drôles. Tous chantent, jouent de la batterie, de la guitare, de la basse : une tournante où personne ne perd et ou le public gagne à chaque fois.
L'enregistrement de leur album n'était que la suite logique des choses. Les idées étaient là, les structures rôdées sur scène il ne restait plus qu'à les mettre en boîte dans leur studio à Rennes. Mais ils n'ont pas pour autant choisi la facilité. Ils auraient pu se laisser inonder par les samples rugueux et percutants choisis dans la sélection 60's de leur ami DJ André Roque. Mais ils ont choisi de retenir de cette ancienne collaboration simplement quelques bases pour composer ou muscler leurs propres compos à l'image de
" have a love ", reprise des Sonics, exception qui confirme la règle….

A l'image des comics de Dan Clowes, la sous-culture américaine des 50's et 60's n'est ici utilisée que comme toile de fond : Invasion de bikinis, voyage intergalactique foireux, hymne au père Noël, ou beatnik attardé, rien ne vous sera épargné ! Mais Bikini Machine conserve assez de fraîcheur pour redonner vie à tous ces poncifs. A grands coups de Danelectro ou de farfisa groovy, cette machine parvient à fabriquer un son et un univers propre.
Et l'on imagine déjà des trentenaires blasés s'éclater sur quelques hymnes garage oubliés reconnus çà et là, des victimes de la mode désinvoltes siffloter " Bongos & Burgers " en achetant la dernière figurine d'Elvis chez Ford, ou d'autres danseurs d'un autre âge en plein (bum bum) boogie. Tout ça promet un beau bordel !
Le résultat est simple, fluide et compact : Electro 60's super soul !