Rose
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About Rose
Il semblerait qu’elle nous revienne l’âme insouciante, en fête, elle s’enivre sur une musique up-tempo, ses cheveux s’emmêlent, ses yeux bleu nuit visent la boule à facettes au plafond. C’est Larmes à paillettes, le premier single de KEROSENE, le cinquième album de Rose.
Il semblerait, seulement, puisque le texte décrit au contraire une âme en pleurs – comme les chansons qui suivront. KEROSENE en contient treize, chacune correspondant à un chapitre de l’autobiographie qu’elle publie au même moment. Un disque et un livre éponymes, faux jumeaux, qui racontent de quel abîme a réchappé leur auteur, la Niçoise flamboyante, Keren alias Rose, qui débutait en 2006 en dressant La Liste de ses envies inassouvies. Depuis, sa guitare en arpèges n’a cessé d’égrener les aléas d’une vie de mélancolie, ce sentiment mouvant, gênant comme un pull à même la peau, et qui pique.
Ses albums successifs, « Rose » (2006), « Les Souvenirs sous ma frange » (2009), « Et puis juin » (2011) et enfin « Pink Lady » (2015) dévoilaient un passé saumâtre et un présent toujours nébuleux. Allait-elle se résoudre à poser sur cette persistance vaseuse le mot fatalité ? Rose ou l’épopée d’une femme qui aspire en théorie au bonheur simple et équilibré dans lequel elle a grandi. En théorie, car rien n’y fait. De là à dire qu’elle le fuit, ce bonheur… Tant pis pour elle, tant mieux pour nous : de ces souffrances sont nées de puissantes ballades.
Ces dernières années, elle a vécu à l’écart du métier jusqu’à le remettre en question, elle allait de plus en plus mal et nous l’ignorions. KEROSENE revient sur Les Années diaboliques, celles qui ont « cogné aux portes des vices/ont sonné la fin des Cantiques ». Elles la poussaient à poursuivre ses déambulations jusqu’au lever du soleil, après une nuit de plus sous le signe de chaos. Au petit-déjeuner, elle commandait souvent Une bière, un croissant : « Je pourrais rentrer chez moi, tant que le jour est encore timide/ Mais mon instinct de subir est trop fort, il faut que je m’inflige encore. » À défaut du mythique grand amour qu’elle ne sait ni choisir ni retenir, elle collectionne des amants de fortune. « Il y avait cette crainte de n’être aimée toujours/Que noyaient les étreintes mais que ravivait le jour » (L’Horizon grand). Elle a conscience de leur faire peur : « Si je m’étais croisée, j’aurais pris la tangente » (Les Hommes). Ainsi la chanteuse achève les quarante premières années de sa vie « effacée », à « faire de la figuration à s’en défigurer », à « se désaltérer tant jusqu’à s’en altérer » (Pourquoi pas). Elle appelle au secours (Recueille-moi), cherche sans les trouver Les Issues de ce corps. Elle finit dans une Chambre simple, « Les yeux dans le vide, les heures insipides ». On est en HP.
Voici ce que dévoilent KEROSENE, le disque, le livre, l’un en vers et l’autre en prose. Solidaires pour faire tomber mine de rien quelques tabous : l’alcoolisme, la drogue et le sexe au féminin.
Vient enfin le moment où Rose se sent plus qu’épuisée, mise en danger par son double frénétique, maléfique, qui l’a poussée dehors toutes les nuits, à fréquenter l’infréquentable, boire un dernier verre, tracer des lignes blanches à l’infini, s’abandonner dans des lits de hasard. Se parlant à elle-même, Rose s’invite à « découvrir la vie qu’il te reste » (Sans ivresse). Et puis, elle s’est dit : « Allons voir si j’arrose un peu trop ma vie juste pour de la prose », chante-t-elle. Et puis elle s’est dit : « Pourquoi pas être heureuse/pourquoi pas être Rose ? » (Pourquoi pas). Elle trouve le repos dans la respiration, la méditation.
La chanteuse ouvre une page Word, et s’essaie au piano pour la première fois. Elle fait alors la rencontre du pianiste Romain Berrodier, et tout deviendra évident : l’amour, la complicité, la création. Leurs cultures musicales s’ajoutent et se complètent. Sans doute lui doit-on les accents de France Gall chantant Michel Berger que l’on entend souvent.
Le réalisateur Régis Ceccarelli (Henri Salvador, Alain Souchon, Abd Al Malik) saura mettre la couleur qu’il faut sur les humeurs de chaque chanson, de chaque chapitre. Il réussit l’exploit d’unifier les titres de KEROSENE, qui n’est pas homogène puisque la vie de Rose, elle, ne l’est pas. Il ajoutera parfois des cordes au piano pour sublimer toute l’émotion contenue dans cet album, celui d’une renaissance.
Aujourd’hui, pour elle tout (re)commence : « Il faut s’asseoir un moment pour réaliser que de toute façon on ne tient plus debout que machinalement, artificiellement, frénétiquement. On ne tient plus debout que mensongèrement » (L’inconnue c’est moi). La pulsion de vie salvatrice vient notamment de la chambre du fond où un petit garçon, le sien, fait des rêves en couleurs. C’est pour lui qu’elle fait tous ces « pas qui ne mènent pas à Rome » (Si ce n’était pour toi), ces grandes enjambées vers la réconciliation. Mais c’est pour nous qu’elle enregistre ces chansons, sans doute les plus belles, les plus touchantes, les plus profondes de son existence cabossée.
Rose est de retour, et c’est Keren qui la raconte. Rose/Keren : voici KEROSENE.
Il semblerait, seulement, puisque le texte décrit au contraire une âme en pleurs – comme les chansons qui suivront. KEROSENE en contient treize, chacune correspondant à un chapitre de l’autobiographie qu’elle publie au même moment. Un disque et un livre éponymes, faux jumeaux, qui racontent de quel abîme a réchappé leur auteur, la Niçoise flamboyante, Keren alias Rose, qui débutait en 2006 en dressant La Liste de ses envies inassouvies. Depuis, sa guitare en arpèges n’a cessé d’égrener les aléas d’une vie de mélancolie, ce sentiment mouvant, gênant comme un pull à même la peau, et qui pique.
Ses albums successifs, « Rose » (2006), « Les Souvenirs sous ma frange » (2009), « Et puis juin » (2011) et enfin « Pink Lady » (2015) dévoilaient un passé saumâtre et un présent toujours nébuleux. Allait-elle se résoudre à poser sur cette persistance vaseuse le mot fatalité ? Rose ou l’épopée d’une femme qui aspire en théorie au bonheur simple et équilibré dans lequel elle a grandi. En théorie, car rien n’y fait. De là à dire qu’elle le fuit, ce bonheur… Tant pis pour elle, tant mieux pour nous : de ces souffrances sont nées de puissantes ballades.
Ces dernières années, elle a vécu à l’écart du métier jusqu’à le remettre en question, elle allait de plus en plus mal et nous l’ignorions. KEROSENE revient sur Les Années diaboliques, celles qui ont « cogné aux portes des vices/ont sonné la fin des Cantiques ». Elles la poussaient à poursuivre ses déambulations jusqu’au lever du soleil, après une nuit de plus sous le signe de chaos. Au petit-déjeuner, elle commandait souvent Une bière, un croissant : « Je pourrais rentrer chez moi, tant que le jour est encore timide/ Mais mon instinct de subir est trop fort, il faut que je m’inflige encore. » À défaut du mythique grand amour qu’elle ne sait ni choisir ni retenir, elle collectionne des amants de fortune. « Il y avait cette crainte de n’être aimée toujours/Que noyaient les étreintes mais que ravivait le jour » (L’Horizon grand). Elle a conscience de leur faire peur : « Si je m’étais croisée, j’aurais pris la tangente » (Les Hommes). Ainsi la chanteuse achève les quarante premières années de sa vie « effacée », à « faire de la figuration à s’en défigurer », à « se désaltérer tant jusqu’à s’en altérer » (Pourquoi pas). Elle appelle au secours (Recueille-moi), cherche sans les trouver Les Issues de ce corps. Elle finit dans une Chambre simple, « Les yeux dans le vide, les heures insipides ». On est en HP.
Voici ce que dévoilent KEROSENE, le disque, le livre, l’un en vers et l’autre en prose. Solidaires pour faire tomber mine de rien quelques tabous : l’alcoolisme, la drogue et le sexe au féminin.
Vient enfin le moment où Rose se sent plus qu’épuisée, mise en danger par son double frénétique, maléfique, qui l’a poussée dehors toutes les nuits, à fréquenter l’infréquentable, boire un dernier verre, tracer des lignes blanches à l’infini, s’abandonner dans des lits de hasard. Se parlant à elle-même, Rose s’invite à « découvrir la vie qu’il te reste » (Sans ivresse). Et puis, elle s’est dit : « Allons voir si j’arrose un peu trop ma vie juste pour de la prose », chante-t-elle. Et puis elle s’est dit : « Pourquoi pas être heureuse/pourquoi pas être Rose ? » (Pourquoi pas). Elle trouve le repos dans la respiration, la méditation.
La chanteuse ouvre une page Word, et s’essaie au piano pour la première fois. Elle fait alors la rencontre du pianiste Romain Berrodier, et tout deviendra évident : l’amour, la complicité, la création. Leurs cultures musicales s’ajoutent et se complètent. Sans doute lui doit-on les accents de France Gall chantant Michel Berger que l’on entend souvent.
Le réalisateur Régis Ceccarelli (Henri Salvador, Alain Souchon, Abd Al Malik) saura mettre la couleur qu’il faut sur les humeurs de chaque chanson, de chaque chapitre. Il réussit l’exploit d’unifier les titres de KEROSENE, qui n’est pas homogène puisque la vie de Rose, elle, ne l’est pas. Il ajoutera parfois des cordes au piano pour sublimer toute l’émotion contenue dans cet album, celui d’une renaissance.
Aujourd’hui, pour elle tout (re)commence : « Il faut s’asseoir un moment pour réaliser que de toute façon on ne tient plus debout que machinalement, artificiellement, frénétiquement. On ne tient plus debout que mensongèrement » (L’inconnue c’est moi). La pulsion de vie salvatrice vient notamment de la chambre du fond où un petit garçon, le sien, fait des rêves en couleurs. C’est pour lui qu’elle fait tous ces « pas qui ne mènent pas à Rome » (Si ce n’était pour toi), ces grandes enjambées vers la réconciliation. Mais c’est pour nous qu’elle enregistre ces chansons, sans doute les plus belles, les plus touchantes, les plus profondes de son existence cabossée.
Rose est de retour, et c’est Keren qui la raconte. Rose/Keren : voici KEROSENE.
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Pop, Chanson Française, French, International
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Il semblerait qu’elle nous revienne l’âme insouciante, en fête, elle s’enivre sur une musique up-tempo, ses cheveux s’emmêlent, ses yeux bleu nuit visent la boule à facettes au plafond. C’est Larmes à paillettes, le premier single de KEROSENE, le cinquième album de Rose.
Il semblerait, seulement, puisque le texte décrit au contraire une âme en pleurs – comme les chansons qui suivront. KEROSENE en contient treize, chacune correspondant à un chapitre de l’autobiographie qu’elle publie au même moment. Un disque et un livre éponymes, faux jumeaux, qui racontent de quel abîme a réchappé leur auteur, la Niçoise flamboyante, Keren alias Rose, qui débutait en 2006 en dressant La Liste de ses envies inassouvies. Depuis, sa guitare en arpèges n’a cessé d’égrener les aléas d’une vie de mélancolie, ce sentiment mouvant, gênant comme un pull à même la peau, et qui pique.
Ses albums successifs, « Rose » (2006), « Les Souvenirs sous ma frange » (2009), « Et puis juin » (2011) et enfin « Pink Lady » (2015) dévoilaient un passé saumâtre et un présent toujours nébuleux. Allait-elle se résoudre à poser sur cette persistance vaseuse le mot fatalité ? Rose ou l’épopée d’une femme qui aspire en théorie au bonheur simple et équilibré dans lequel elle a grandi. En théorie, car rien n’y fait. De là à dire qu’elle le fuit, ce bonheur… Tant pis pour elle, tant mieux pour nous : de ces souffrances sont nées de puissantes ballades.
Ces dernières années, elle a vécu à l’écart du métier jusqu’à le remettre en question, elle allait de plus en plus mal et nous l’ignorions. KEROSENE revient sur Les Années diaboliques, celles qui ont « cogné aux portes des vices/ont sonné la fin des Cantiques ». Elles la poussaient à poursuivre ses déambulations jusqu’au lever du soleil, après une nuit de plus sous le signe de chaos. Au petit-déjeuner, elle commandait souvent Une bière, un croissant : « Je pourrais rentrer chez moi, tant que le jour est encore timide/ Mais mon instinct de subir est trop fort, il faut que je m’inflige encore. » À défaut du mythique grand amour qu’elle ne sait ni choisir ni retenir, elle collectionne des amants de fortune. « Il y avait cette crainte de n’être aimée toujours/Que noyaient les étreintes mais que ravivait le jour » (L’Horizon grand). Elle a conscience de leur faire peur : « Si je m’étais croisée, j’aurais pris la tangente » (Les Hommes). Ainsi la chanteuse achève les quarante premières années de sa vie « effacée », à « faire de la figuration à s’en défigurer », à « se désaltérer tant jusqu’à s’en altérer » (Pourquoi pas). Elle appelle au secours (Recueille-moi), cherche sans les trouver Les Issues de ce corps. Elle finit dans une Chambre simple, « Les yeux dans le vide, les heures insipides ». On est en HP.
Voici ce que dévoilent KEROSENE, le disque, le livre, l’un en vers et l’autre en prose. Solidaires pour faire tomber mine de rien quelques tabous : l’alcoolisme, la drogue et le sexe au féminin.
Vient enfin le moment où Rose se sent plus qu’épuisée, mise en danger par son double frénétique, maléfique, qui l’a poussée dehors toutes les nuits, à fréquenter l’infréquentable, boire un dernier verre, tracer des lignes blanches à l’infini, s’abandonner dans des lits de hasard. Se parlant à elle-même, Rose s’invite à « découvrir la vie qu’il te reste » (Sans ivresse). Et puis, elle s’est dit : « Allons voir si j’arrose un peu trop ma vie juste pour de la prose », chante-t-elle. Et puis elle s’est dit : « Pourquoi pas être heureuse/pourquoi pas être Rose ? » (Pourquoi pas). Elle trouve le repos dans la respiration, la méditation.
La chanteuse ouvre une page Word, et s’essaie au piano pour la première fois. Elle fait alors la rencontre du pianiste Romain Berrodier, et tout deviendra évident : l’amour, la complicité, la création. Leurs cultures musicales s’ajoutent et se complètent. Sans doute lui doit-on les accents de France Gall chantant Michel Berger que l’on entend souvent.
Le réalisateur Régis Ceccarelli (Henri Salvador, Alain Souchon, Abd Al Malik) saura mettre la couleur qu’il faut sur les humeurs de chaque chanson, de chaque chapitre. Il réussit l’exploit d’unifier les titres de KEROSENE, qui n’est pas homogène puisque la vie de Rose, elle, ne l’est pas. Il ajoutera parfois des cordes au piano pour sublimer toute l’émotion contenue dans cet album, celui d’une renaissance.
Aujourd’hui, pour elle tout (re)commence : « Il faut s’asseoir un moment pour réaliser que de toute façon on ne tient plus debout que machinalement, artificiellement, frénétiquement. On ne tient plus debout que mensongèrement » (L’inconnue c’est moi). La pulsion de vie salvatrice vient notamment de la chambre du fond où un petit garçon, le sien, fait des rêves en couleurs. C’est pour lui qu’elle fait tous ces « pas qui ne mènent pas à Rome » (Si ce n’était pour toi), ces grandes enjambées vers la réconciliation. Mais c’est pour nous qu’elle enregistre ces chansons, sans doute les plus belles, les plus touchantes, les plus profondes de son existence cabossée.
Rose est de retour, et c’est Keren qui la raconte. Rose/Keren : voici KEROSENE.
Il semblerait, seulement, puisque le texte décrit au contraire une âme en pleurs – comme les chansons qui suivront. KEROSENE en contient treize, chacune correspondant à un chapitre de l’autobiographie qu’elle publie au même moment. Un disque et un livre éponymes, faux jumeaux, qui racontent de quel abîme a réchappé leur auteur, la Niçoise flamboyante, Keren alias Rose, qui débutait en 2006 en dressant La Liste de ses envies inassouvies. Depuis, sa guitare en arpèges n’a cessé d’égrener les aléas d’une vie de mélancolie, ce sentiment mouvant, gênant comme un pull à même la peau, et qui pique.
Ses albums successifs, « Rose » (2006), « Les Souvenirs sous ma frange » (2009), « Et puis juin » (2011) et enfin « Pink Lady » (2015) dévoilaient un passé saumâtre et un présent toujours nébuleux. Allait-elle se résoudre à poser sur cette persistance vaseuse le mot fatalité ? Rose ou l’épopée d’une femme qui aspire en théorie au bonheur simple et équilibré dans lequel elle a grandi. En théorie, car rien n’y fait. De là à dire qu’elle le fuit, ce bonheur… Tant pis pour elle, tant mieux pour nous : de ces souffrances sont nées de puissantes ballades.
Ces dernières années, elle a vécu à l’écart du métier jusqu’à le remettre en question, elle allait de plus en plus mal et nous l’ignorions. KEROSENE revient sur Les Années diaboliques, celles qui ont « cogné aux portes des vices/ont sonné la fin des Cantiques ». Elles la poussaient à poursuivre ses déambulations jusqu’au lever du soleil, après une nuit de plus sous le signe de chaos. Au petit-déjeuner, elle commandait souvent Une bière, un croissant : « Je pourrais rentrer chez moi, tant que le jour est encore timide/ Mais mon instinct de subir est trop fort, il faut que je m’inflige encore. » À défaut du mythique grand amour qu’elle ne sait ni choisir ni retenir, elle collectionne des amants de fortune. « Il y avait cette crainte de n’être aimée toujours/Que noyaient les étreintes mais que ravivait le jour » (L’Horizon grand). Elle a conscience de leur faire peur : « Si je m’étais croisée, j’aurais pris la tangente » (Les Hommes). Ainsi la chanteuse achève les quarante premières années de sa vie « effacée », à « faire de la figuration à s’en défigurer », à « se désaltérer tant jusqu’à s’en altérer » (Pourquoi pas). Elle appelle au secours (Recueille-moi), cherche sans les trouver Les Issues de ce corps. Elle finit dans une Chambre simple, « Les yeux dans le vide, les heures insipides ». On est en HP.
Voici ce que dévoilent KEROSENE, le disque, le livre, l’un en vers et l’autre en prose. Solidaires pour faire tomber mine de rien quelques tabous : l’alcoolisme, la drogue et le sexe au féminin.
Vient enfin le moment où Rose se sent plus qu’épuisée, mise en danger par son double frénétique, maléfique, qui l’a poussée dehors toutes les nuits, à fréquenter l’infréquentable, boire un dernier verre, tracer des lignes blanches à l’infini, s’abandonner dans des lits de hasard. Se parlant à elle-même, Rose s’invite à « découvrir la vie qu’il te reste » (Sans ivresse). Et puis, elle s’est dit : « Allons voir si j’arrose un peu trop ma vie juste pour de la prose », chante-t-elle. Et puis elle s’est dit : « Pourquoi pas être heureuse/pourquoi pas être Rose ? » (Pourquoi pas). Elle trouve le repos dans la respiration, la méditation.
La chanteuse ouvre une page Word, et s’essaie au piano pour la première fois. Elle fait alors la rencontre du pianiste Romain Berrodier, et tout deviendra évident : l’amour, la complicité, la création. Leurs cultures musicales s’ajoutent et se complètent. Sans doute lui doit-on les accents de France Gall chantant Michel Berger que l’on entend souvent.
Le réalisateur Régis Ceccarelli (Henri Salvador, Alain Souchon, Abd Al Malik) saura mettre la couleur qu’il faut sur les humeurs de chaque chanson, de chaque chapitre. Il réussit l’exploit d’unifier les titres de KEROSENE, qui n’est pas homogène puisque la vie de Rose, elle, ne l’est pas. Il ajoutera parfois des cordes au piano pour sublimer toute l’émotion contenue dans cet album, celui d’une renaissance.
Aujourd’hui, pour elle tout (re)commence : « Il faut s’asseoir un moment pour réaliser que de toute façon on ne tient plus debout que machinalement, artificiellement, frénétiquement. On ne tient plus debout que mensongèrement » (L’inconnue c’est moi). La pulsion de vie salvatrice vient notamment de la chambre du fond où un petit garçon, le sien, fait des rêves en couleurs. C’est pour lui qu’elle fait tous ces « pas qui ne mènent pas à Rome » (Si ce n’était pour toi), ces grandes enjambées vers la réconciliation. Mais c’est pour nous qu’elle enregistre ces chansons, sans doute les plus belles, les plus touchantes, les plus profondes de son existence cabossée.
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