Mariane Alzi

Mariane Alzi Amour et combat (Par Philippe Barbot) Amour et combat. C'ʹest ainsi qu'ʹon pourrait résumer le premier album de Mariane Alzi. Mais résumer un tel torrent de vie et de passion équivaudrait à mettre l'ʹocéan en bouteille ou la lune au bout d'ʹune échelle. Car rarement une jeune auteur-­‐‑compositeur, aura su évoquer les élans amoureux et les tourments de l'ʹâme, les rêves brisés et les espoirs futurs avec autant de flamme et d'ʹémotion. A l'ʹimage de "ʺDes roses"ʺ, le premier extrait de l'ʹalbum, chanson-­‐‑credo illustrée d'ʹun clip vidéo où défilent les grandes figures d'ʹun siècle défunt, symboles de lutte et de résistance. Quand Mariane (avec un seul "ʺn"ʺ) était petite, elle s'ʹendormait au son des morceaux des Stones ou des Who, joués à la guitare par son père. Enfant, elle a aussi baigné dans les chants polyphoniques corses, comme ceux que son arrière grand-­‐‑père créait et interprétait, dans son village de Sermanu, près de Corte. Mais si elle est originaire de l'ʹIle de Beauté et imprégnée de sa culture et de son histoire (ce n'ʹest pas un hasard si elle s'ʹest choisi comme nom d'ʹartiste celui d'ʹun village voisin), Mariane Alzi ne se revendique nullement comme une chanteuse du cru. D'ʹailleurs c'ʹest à Paris qu'ʹelle a grandi, entre études d'ʹhistoire de l'ʹart et apprentissage du piano. Un instrument de prédilection, quelle enseigne aujourd'ʹhui et avec lequel elle écrit ses chansons. Quand on la questionne sur ses influences musicales, Mariane cite indifféremment les Stones, Barbara, Mercedes Sosa ou Noir Désir. Un éclectisme qu'ʹelle a toujours cultivé, même lorsqu'ʹelle participait à une association de rap et de sound system dans les années 2000. Une première chanson écrite à 7 ans ("ʺpour ma jument"ʺ sourit-­‐‑elle…), un premier concert à 17 ans lors d'ʹune fête de la musique, des voyages, des petits boulots, des rencontres, des aventures, et la voilà prête à se lancer dans le grand bain, celui dont elle a toujours rêvé. Le résultat, c'ʹest ce premier album éponyme, tourbillon de notes et de mots ponctués d'ʹune étonnante voix à la fois sensuelle et impérieuse, et ourlée d'ʹun léger vibrato entre douceur et tempête. Un album réalisé par l'ʹaméricain Bob Coke (Moriarty, Ben Harper, Noir Désir) et mixé par Dominique Blanc-­‐‑Francard (Stephan Eicher, Benjamin Biolay, Raphael, etc). Un album qui serpente entre ballades ("ʺLost"ʺ, "ʺI Don'ʹt Know"ʺ, "ʺLes amours amers"ʺ, au masculin pluriel), hymne rebelle ("ʺAllez"ʺ, que n'ʹaurait pas renié Stéphane Hessel, l'ʹauteur d'ʹIndignez vous), blues lancinant ("ʺLa sirène"ʺ), trip hop hypnotique ("ʺPeut-­‐‑être un jour"ʺ) et même une chanson en corse, "ʺAl di la"ʺ, évocation de l'ʹimpression d'ʹ"ʺau-­‐‑delà"ʺ qui suit un deuil amoureux. Mais Mariane ne se contente pas de puiser son inspiration dans la déclinaison des ruptures amoureuses. Ainsi "ʺQuai des brumes"ʺ, clin d'ʹoeil au célèbre film, lui a été soufflé par la lecture d'ʹune autobiographie de Juliette Gréco ; "ʺDes bouts d'ʹidentités"ʺ, ode aux minorités bafouées, a été écrite au sortir d'ʹune exposition photographique bouleversante, "ʺDes Roses"ʺ après la vision d'ʹun documentaire sur le conflit israélo-­‐‑palestinien et "ʺIl y a longtemps déjà"ʺ évoque le film Dix hivers à Venise, avec une courte citation d'ʹun "ʺNocturne"ʺ de Chopin. L'ʹalbum se clôt sur "ʺDésarme"ʺ, une chanson d'ʹespoir et d'ʹavenir, qui prend une tout autre dimension à l'ʹaune des origines de l'ʹartiste. Amour et combat, c'ʹest décidément la même chose. Auteur-Compositeur-Interprète