Captain Kid

En matière de pop, nombreux sont les alchimistes qui pensent détenir la formule de la chanson qui reste à l’esprit. A l’opposé, dans l’artisanat de Captain Kid, la mélodie semble couler de source, et les chansons tracer leur sillon en tête, à la fois fluides et substantielles. Des qualités déjà à l’œuvre sur l’album 67 Songs (2012), dont le gracile et sifflotant We & I, devenu depuis signature sonore d’une banque dont le logo est un écureuil. Cependant, le présent X Or Y témoigne que le songwriter parisien a encore affiné son art, et spécifié son propos : « Je crois en une poésie du son. J’ai la conviction que, grâce au son, la musique peut agir comme un baume, voire soigner... Et j’ai envie de faire du bien. », analyse Sébastien Sigault aka Captain Kid. L’évidence des chansons ne signifie pas que tout prend forme d’un coup de baguette magique. X Or Y est le fruit de deux années d’une patiente élaboration. En quasi ermite. En compagnie d’une multitude de musiciens, mais presqu’en retrait du monde. Avec les tâtonnements, les doutes et les changements de cap que l’on devine. Car si, à la guitare, la base folk/blues des morceaux jaillit plutôt facilement, « Souvent lors de voyages à l’étranger… », la passion des arrangements et du son conduit Captain Kid dans le labyrinthe de l’harmonie et du juste timbre. Et c’est à cette recherche près que, pour l’auditeur, la musique devient un élixir ! En outre, ces chansons pop et ballades aux orchestrations soignées dévoilent encore des richesses après plusieurs écoutes. Une réelle aubaine pour le mélomane aux aguets. Ainsi existe-t-il diverses façons d’entrer dans X Or Y – un titre d’album qui ne représente pas des chromosomes, mais une alternative entre deux valeurs pour résoudre une équation. On peut se laisser porter par la belle collection de chansons. Ou bien trouver le parcours secret qui relierait ces treize nouveaux titres. Un trajet qui, débutant par « Je ne sais pas quoi faire/Et si je savais, je choisirais de ne pas te le dire », passe par Mars et par Saturne, dit le non-sens, la solitude, aussi bien que l’attente avant les retrouvailles de l’amour. Un disque qui rêve à voix haute et se clôt par l’envol d’un oiseau. En cours de voyage, on aura traversé des paysages et des humeurs toujours changeants. Des tableaux tendres, folk moderne, à l’acoustique sensible : Don’t ; Reverie ; On Your Own. Ou le splendide Satun’s Eye, élégie cosmique, dont la mélancolie confine à la grâce. Connu d’enthousiasmantes accélérations pop (Sun One, impeccable en premier single, A+B, Undisclosed ou X Or Y), dans le sillage de figures aussi contrastées que Blur, MGMT ou Divine Comedy. Divine Comedy ? « L’une de mes idoles absolues ! », confesse Captain Kid, dont le panthéon personnel abrite aussi The Beatles, Bob Dylan et, plus près de nous, les dernières œuvres de Vampire Weekend et de MGMT. L’auditeur aura aussi contemplé de jolis ralentis au piano… et peut-être perçu le miaulement d’un chat. Un documentaire sur Bob Dylan avait convaincu Captain Kid qu’il devait écrire ses propres chansons. Puis il avait surgi sur les scènes parisiennes, au début des années 2000, avec une cohorte de songwriters, guitare et/ou ukulélé en bandoulière. L’histoire s’est chargée de contrarier quelques vocations. Pas celle de Captain Kid, dont ce second album aux chansons épanouies le situe dans le cercle restreint des songwriters les plus éloquents du moment. Pour en savoir plus sur Captain Kid : http://on.fb.me/1IfMrEz Album "X or Y" disponible le 12 février 2016